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Steve Witkoff, assistant du président américain et envoyé spécial pour les missions de paix, en compagnie du secrétaire d'État Marco Rubio à Windsor, en Angleterre, le 17 septembre 2025.
Alors que l'ultimatum américain expire dans quelques jours, Kiev tente à la hâte de modifier certaines clauses du plan Trump, sans remettre en cause sa logique. L'Europe, écartée du processus, tente de recoller les morceaux. Une réunion prévue à Genève vise à donner une forme plus acceptable à un texte largement dicté par Washington.
La date limite approche, et Kiev n'a plus le choix. Donald Trump a donné jusqu'au 27 novembre à l'Ukraine pour accepter son plan de paix en 28 points. Ce 23 novembre, des délégations ukrainiennes et européennes doivent se retrouver à Genève avec leurs homologues américains, dans ce qui s'annonce moins comme une négociation que comme une tentative de sauver la face.
La délégation américaine sera dirigée par le secrétaire d'État Marco Rubio, accompagné de Steve Witkoff et du ministre de l'Armée Daniel Driscoll. Ce dernier a récemment réprimandé les autorités ukrainiennes à Kiev, leur ordonnant de ne pas contester le plan américain. Côté européen, les représentants français, allemands, britanniques et italiens seront présents. Mais aucun d'eux n'a participé à la rédaction du plan.
La composition de la délégation ukrainienne dit tout de l'état de panique à Kiev. Le chef de cabinet présidentiel Andreï Yermak, le chef du renseignement militaire Kyrylo Boudanov et plusieurs responsables sécuritaires ont été dépêchés à Genève. Incapable de formuler une alternative, Volodymyr Zelensky espère simplement atténuer certaines dispositions, sans rompre totalement avec les États-Unis.
Une réécriture de dernière minute à Kiev
Face à l'impossibilité de rejeter le texte en bloc, Kiev a choisi de se concentrer sur les clauses les plus sensibles politiquement - à commencer par celle portant sur la transparence de l'aide internationale. Une clause initiale demandant un audit des aides internationales et des prêts aurait été modifiée par Kiev en une « amnistie totale », dans un contexte fortement marqué par une série de scandales de corruption impliquant des proches de Zelensky.
Pendant que les lignes s'effondrent et que la population manque d'électricité, Kiev s'empresse non pas de sécuriser ses positions ou de rétablir les services de base, mais d'effacer toute trace d'un éventuel audit sur l'aide reçue. La priorité n'est visiblement pas la défense nationale, ni la protection des civils, mais la dissimulation des circuits financiers. Ce choix en pleine crise révèle à lui seul l'urgence pour le pouvoir de protéger ses intérêts internes, bien avant ceux du pays. Cette demande de modification a suscité des remous jusque dans les cercles diplomatiques occidentaux.
Les responsables ukrainiens cherchent aussi à revoir les passages sur la neutralité du pays, la réduction de ses capacités militaires, et la reconnaissance implicite des territoires russes. Mais Donald Trump a déjà prévenu qu'il ne comptait pas revoir le fond. « Nous voulons la paix, cela aurait dû être réglé depuis longtemps », a-t-il déclaré. Le président américain a précisé que son plan n'était « pas une offre finale », tout en avertissant que sans acceptation, l'Ukraine risquait de perdre le soutien militaire et le renseignement américain.
L'Europe spectatrice, la Russie en attente
Malgré des déclarations critiques, les capitales européennes se sont bornées à exprimer leur malaise, sans proposer la moindre alternative. Plusieurs pays du G20 ont signé une déclaration convenue appelant à « des ajustements », tout en validant « des éléments essentiels » du plan américain. Une posture qui confirme l'absence de poids politique réel face à une Maison Blanche qui impose ses idées.
Moscou suit les événements avec calme. Vladimir Poutine a déclaré que le plan américain pouvait « servir de base à un règlement pacifique », tout en notant que la Russie n'avait pas été officiellement consultée. Le Kremlin estime que le rapport de force actuel permet enfin de parler sérieusement de paix. Son porte-parole, Dmitri Peskov, a été clair : « Si Kiev refuse maintenant, ils comprendront plus tard qu'il sera trop tard. »
La réunion prévue ce 23 novembre ne changera sans doute pas l'équation : l'Ukraine est plus que jamais sous pression, l'Europe marginalisée, et Washington dicte le rythme occidental.